Le défi de l’accompagnement des personnes âgées en institution

Personnes âgées et animation socioculturelle

Une publication des Éditions HETSL

Le défi de l’accompagnement des personnes âgées en institution

par Lambelet Alexandre

La vie en institution, comme l’accompagnement à y proposer, constituent un défi.

Un défi pour les personnes âgées d’abord. Celui de quitter son domicile pour entrer en institution, de laisser son quartier pour un nouveau voisinage, celui des autres résident·e·s. Celui de devoir accepter, en échange d’une sécurité et de différentes aides nécessaires, de voir ses habitudes questionnées ou remises en cause. C’est également le défi de préserver ou redéfinir son identité face aux contraintes de la vie institutionnalisée, qui met souvent à l’épreuve les identités antérieures. C’est encore le défi de saisir les opportunités que la vie en institution peut offrir : recouvrer en partie sa santé, faire de nouvelles connaissances, se découvrir de nouveaux projets.

Un défi, ensuite, pour les professionnel·le·s. Parce qu’il n’y a pas « des résident·e·s », mais une multitude d’individus, tous singuliers, à accompagner. Et que les cadres légaux, administratifs ou financiers limitent les formes d’accompagnement possibles et tendent à homogénéiser les pratiques. Si les idées de réformes de l’accompagnement des personnes âgées en institution portées par des professionnel·le·s sont nombreuses, leur mise en œuvre reste, de fait, compliquée.

Le défi, enfin, de la vieillesse. C’est que la vieillesse, qui plus est quand elle est accompagnée de dépendance ou de pertes cognitives, met les familles, les professionnel·le·s comme les résident·e·s devant des questions apparemment sans réponse. Les institutions sont alors peut-être d’abord des lieux de rencontres qui réunissent, pour un temps, les personnes âgées devenues résident·e·s, des professionnel·le·s et des familles, des lieux dont tout l’enjeu est d’y trouver des manières de composer ensemble, d’adapter un accompagnement, de fonder une confiance. C’est le défi de réussir à créer ce que Claudia Mazzocato appelait un « compagnonnage créatif et dynamique autour de et avec les résidents ». Comment faire de ce qui sera vraisemblablement un dernier domicile un lieu de vie ou de réalisation de soi ? Comment permettre le respect de l’intimité et de l’autonomie des résident·e·s malgré les contraintes institutionnelles ? Comment permettre le maintien des inscriptions sociales des résident·e·s malgré l’institutionnalisation ? Comment inscrire ces institutions dans leur environnement et dans des solidarités locales ?

La résolution de tels défis, la prise en compte et le développement des dimensions culturelles et sociales de l’accompagnement en institution n’est à l’évidence pas un territoire réservé aux seule·e·s professionnel·le·s de l’animation socioculturelle. En même temps, et c’est ce que montre cet ouvrage, ces professionnel·le·s ont un rôle central à jouer dans l’affirmation d’une telle perspective, parce que ces éléments sont prioritaires dans la réflexion et l’action de leur profession. Formé·e·s à l’animation de groupes et au développement communautaire, mais plus encore à la conduite de projets et aux méthodologies participatives, les animatrices et animateurs socioculturels peuvent participer à l’émancipation non seulement des résident·e·s mais également des institutions, pour les faire réfléchir sur leur fonctionnement, les rôles proposés aux résident·e·s, la vie qui y est offerte. La place des animatrices et animateurs socioculturels ne se situe alors pas dans les seuls services d’animation, dans l’effectuation et la coordination des animations ; elle est tout autant dans les réflexions et actions à mener en lien avec les dynamiques institutionnelles dans le cadre des équipes de direction si l’objectif est de faire des institutions des lieux pleins des dimensions sociales et culturelles de l’existence.

Cet ouvrage, centré sur une lecture politique de l’accompagnement en institution, et rédigé comme un outil à destination des professionnel·le·s, discute aussi bien les dispositifs réglementaires et financiers, qui aujourd’hui cadrent ce travail, que les différents enjeux liés à l’entrée en relation avec des personnes âgées, en particulier lorsqu’elles souffrent de troubles cognitifs importants. Il propose différentes pistes aux professionnel·le·s pour mettre en œuvre et défendre un accompagnement réellement orienté vers les personnes accompagnées en donnant également à entendre la parole de résident·e·s vivant aujourd’hui en institution. Les perspectives qu’il offre doivent permettre de (ré-)ouvrir des possibles pour faire face à ce défi qu’est l’accompagnement des personnes âgées en institution.

Pour une présentation de l’ouvrage sur le site de la HETSL
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Alexandre Lambelet est Professeur et Doyen de la filière Travail social à la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (HETSL | HES-SO)

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