Le développement de l’entrepreneuriat social
Comment l’entrepreneuriat social doit-il s’intégrer dans le développement des politiques sociales ? Quelle place la formation professionnelle doit-elle réserver à cette branche ? Interview de deux spécialistes.
Propos recueillis par Céline Rochat
L’entrepreneuriat social, un outil essentiel à développer >
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« De très nombreuses études ont constaté que les travailleuses et travailleurs sociaux ont tendance à considérer l’entrepreneuriat social comme une pratique éloignée de l’éthique du travail social, notamment à cause de la composante entrepreneuriale de ce phénomène. Le défi qui en découle est de pouvoir convaincre ces professionnel·le·s de la pertinence d’un modèle d’intervention sociale basé en partie sur le modèle de l’économie privée. »
Extraits :
La Haute école de travail social de Fribourg (HES-SO) a développé un domaine d’expertise en matière d’entrepreneuriat social. Quels sont les enjeux, perspective et attentes, tant de la société que des professionnel·le·s, au sujet de cette branche ? Quels sont les défis rencontrés lors de la création d’entreprises sociales ? Professeurs à la HETS-FR, Emmanuel Fridez et Benoît Renevey font le point.
Quels sont les enjeux de l’entrepreneuriat social pour le domaine du travail social ?
Déjà dans les années 1990, au moment où les Hautes Écoles de travail social ont été créées, les pouvoirs publics parlaient de complexification des problèmes sociaux et de l’apparition de nouvelles réalités, parmi lesquelles la précarité, l’exclusion durable du marché du travail ou la pauvreté des familles. En même temps, deux phénomènes étaient en plein développement : d’une part, une remodélisation des politiques sociales, et, d’autre part, le renforcement d’un type particulier d’économie, l’économie sociale et solidaire.
La remodélisation des politiques sociales passait essentiellement par l’adoption du paradigme de la nouvelle gestion publique (NGP) : à l’État, la définition, le pilotage et la coordination des actions à entreprendre pour résoudre les problèmes sociaux ; à des entités mandatées, le soin de mettre en œuvre les décisions étatiques. Dans ce contexte, les entreprises sociales ont su s’intégrer au système en s’appropriant des mandats d’accompagnement à l’insertion sociale. Les deux phénomènes – remodélisation des politiques publiques et montée en force de l’entrepreneuriat social – se sont entretenus l’un et l’autre, rendant possible l’intégration d’une forme de travail social dans l’économie privée, mais sociale et solidaire.
Les HES ont certainement une mission à jouer par rapport au développement de l’entrepreneuriat social. Quelle est-elle ?
Elles ont en effet un rôle important à endosser quant à la formation à l’entrepreneuriat social. Si les Hautes écoles en gestion sont déjà bien présentes avec des formations postgrades de type CAS (Lausanne et Fribourg, par exemple), la place des HES en travail social n’est par contre pas encore clairement établie. Seules quelques rares initiatives existent pour l’instant dans le domaine du travail social, comme la « social team academy », à la Haute école de travail social de Sierre (HES-SO Valais-Wallis). Cette approche vise le développement de compétences en entrepreneuriat social par la mise en place concrète de projets au service des institutions sociales et des collectivités locales.